
La coopération SAMU03-SDIS renforcée grâce au lien 15-18 des solutions de régulation des appels.
Depuis plusieurs années, SAMU03 et SDIS de l’Allier renforcent leur coopération entre CRRA 15 et CTA. La fonctionnalité « Lien 15-18 » du logiciel de régulation médicale eRS d’Exos est venue appuyer ce travail et apporte cohérence et efficacité à l’organisation mise en place. Sébastien DUBUIS, cadre de santé du SAMU03 témoigne de ce partenariat en constante évolution.
Exos : On sait que les relations entre les « blancs » et les « rouges » sont parfois compliquées sur certains territoires, qu’en est-il de l’Allier ?

Sébastien DUBUIS : « Dans l’Allier les relations ont considérablement évolué depuis le travail initié il y a 5 ans sur l’amélioration entre SDIS et SAMU03. J’en veux pour preuve la prochaine rencontre visant à harmoniser nos pratiques et nos arbres décisionnels en matière de traitement des appels. L’idée de base est que nous ayons le même arbre décisionnel sur l’envoi des secours.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus sur des conflits à gérer entre salles. Nos relations s’inscrivent sur un niveau collaboratif. Nous ne sommes pas dans la même salle mais nous œuvrons pour avoir des pratiques coordonnées avec un langage et un vocabulaire identiques.
L’objectif de cette collaboration vise à faire réguler un maximum d’appel par le régulateur du SAMU03 afin d’éviter les départs réflexes des sapeurs-pompiers sur des appels non-urgents. Cette volonté s’explique par le besoin de rationalisation des moyens SDIS qui est confronté à une problématique de ressources humaines volontaires sur certains centres de secours. L’engagement de moyens SDIS doit être optimisé pour n’être réalisé que sur des missions réellement essentielles. ».
Exos : Vous êtes équipés des solutions Exos de régulation SAMU et de téléphonie CRRA 15, et vous êtes l’un des SAMU utilisateur du lien 15-18 de la solution eRS. En quoi consiste cette fonctionnalité ?
Sébastien DUBUIS : « Sur notre logiciel de régulation eRS d’Exos, en cliquant sur un bouton, nous envoyons immédiatement le dossier au CTA CODIS et inversement. Les informations transmises sont constituées de l’identité du patient et de la saisie ARM (motif de l’appel), sans données médicales.
Cette transmission est systématique dès lors que nous savons que nous aurons besoin d’un vecteur SDIS. Elle est accompagnée d’un appel vocal permettant de vérifier la bonne réception du dossier et de le compléter par des infos additionnelles.
L’appelant est conservé en ligne et transféré directement, ou mis en conférence, par l’intermédiaire des logiciels SAMU03 et CTA CODIS.
Les 2 services conservent une vision partagée de la mission mais chacun gère ses moyens.
Si jamais le lien 15-18 venait « à tomber » nous conservons la possibilité de consigner l’engagement des moyens SDIS directement via le logiciel, et inversement. ».
La certification NF399 de la suite logiciel de Telecom Exos et notamment de sa solution de régulation CRRA15 eRM permet cette interopérabilité entre les systèmes d’information des SDIS et des SAMU.
Exos : Avec quelle solution de traitement des appels le CTA du SDIS est-il équipé ? Et comment s’est passée l’implémentation du lien15-18 ?
Sébastien DUBUIS : « Le CTA CODIS est équipé de la solution Artemis. Lorsque nous avons travaillé sur le lien 15-18, les éditeurs des 2 logiciels se sont mis en rapport afin d’évaluer les développements nécessaires à l’interface. Ensuite, chacun des 2 services a travaillé avec son éditeur pour l’implémentation du lien et les premiers tests.
Une fois cette étape réalisée, nous avons eu une semaine en mode formation chacun de notre côté. Nous avons pu simuler l’échange de dossiers et résorber les dernières questions avant déploiement en production. ».

Exos : Quels sont les impacts majeurs dans la modification des pratiques côté SAMU03 comme côté SDIS ?
Sébastien DUBUIS : « L’impact positif majeur a été le gain de temps considérable puisque les assistants de régulation médicale n’utilisent plus le téléphone pour communiquer de la donnée formalisée qui transite directement par l’informatique. Les ARM et les opérateurs du CTA n’ont plus qu’à « checker » le dossier.
Toute évolution technique génère également des biais. C’est le cas des engagements de VSAV pour carences d’ambulances privées où nous constatons, avec l’encadrement du SDIS, que ces missions sont moins priorisées que d’autres par le CTA. C’est justement pour ce type de problématiques que la coopération renforcée par le lien 15-18 porte ses fruits et nous permet collectivement avec le SDIS de corriger certains effets pervers. ».
L’impact positif majeur a été le gain de temps considérable puisque les assistants de régulation médicale n’utilisent plus le téléphone pour communiquer de la donnée formalisée qui transite directement par l’informatique. ».
Exos : Toute tension a donc disparu ?
Sébastien DUBUIS : « Non, bien évidemment il reste des tensions entre salles. Mais celles-ci sont très vite apaisées car nous disposons aujourd’hui d’outils, de rencontres et d’un état d’esprit partagé qui permettent de traiter les événements indésirables sur les 2 salles. Le CTA consigne ses points de son côté et, pour le SAMU, nous disposons d’une traçabilité des événements indésirables intégrée à la solution eRS d’Exos. Ensuite, une instance commune, le CREX (comité de retours d’expériences), nous permet de traiter les points critiques. ».
Exos : L’utilisation de cette fonctionnalité a-t-elle permis de renforcer les liens entre le SAMU03 et le SDIS ? Des exemples ?

Sébastien DUBUIS : « Cette relation fonctionnelle forte permise par le lien 15-18 constitue une nouvelle aire de travail en commun. L’exemple de notre dernière réunion illustre cela : nous n’avons pas les mêmes motifs de départ et le CTA fait le choix d’envisager une priorisation des dossiers sur le modèle proposé par Exos : P0, P1…
De manière générale sur les relations SAMU-SDIS, nous avions le choix soit de faire un concours visant à ce qu’il n’en reste qu’un à la fin, soit de réfléchir à une articulation tirant bénéfice des compétences et des ressources respectives des 2 services au bénéfice d’une meilleure organisation globale en faveur de la population. Nous avons donc positionné nos ressources au sein d’une chaîne de secours cohérente. Par exemple, le régulateur est là pour rationnaliser l’envoi de moyens, les infirmiers pompiers sont positionnés comme la ressource sur place qui va pouvoir « débrouiller » plus efficacement une prise en charge qu’un secouriste et optimiser l’envoi éventuel d’une équipe médicalisée puis préparer efficacement son arrivée… Le lien 15-18 assurant une grande partie de la communication et de l’efficience de cette organisation partagée. ».